Comme nous l’avons déjà souligné dans le chapitre précédent, le caractère impératif de l’occultation d’imam Mahdi (a.s) se justifie dans le respect d’une tradition divine qui offre l’opportunité aux savants shiites afin qu’ils préparent le terrain pour la révolution universelle de fin de temps. L’occultation d’imam Mahdi, bien avant sa naissance, fut évoquée dans les propos des infaillibles et leurs fidèles adeptes. A partir d’imam Hâdî les relations des shiites avec leur maître s’étaient rompues. Les va-et-vient se faisaient sous le contrôle des agents abbassides qui empêchaient à tout le monde l’accès vers le guide sous surveillance. Seuls quelques délégués particuliers soigneusement choisis par les imams eux-mêmes étaient chargés de porter les communiqués des imams auprès de la communauté, et recueillir les questions et préoccupations des gens pour les acheminer auprès de l’imam. Le contact a pu ainsi être maintenu grâce à l’action de ces grands savants qui jouaient pratiquement le rôle d’ambassadeurs.
LA PETITE OCCULTATION L’investiture d’imam Mahdi (a.s) prit effet dès le martyr de son père imam Hassan Askarî (a.s). Cet événement marque en même temps le début de la petite occultation qui dura jusqu’en l’an 329 H (environ 70 ans). Le point important à noter pendant ce temps et l’action des ambassadeurs particuliers nommés par l’imam en personne. Leur fonction protocolaire permit d’assurer les relations entre l’imam et sa communauté. Mais il arrivait parfois qu’un shiite convaincu et intègre puisse avoir l’honneur d’obtenir une audience sollicitée pour voir l’imam. Ces délégués, tous des savants érudits se classent comme suit : - Ousmane ibn Saïd Amrî, tout premier à jouer le rôle d’ambassadeur dès le début de la petite occultation jusqu’à l’an 265 H, date de son décès. Il fut tour à tour délégué d’imam Hâdî (a.s), puis d’imam Askarî (a. s) - Mouhammad ibn Ousmane, fils de l’autre, a accédé à ce rang de la mort de son père jusqu’à son décès en 305 H. - Houssein ibn Rouh Noûbakhtî qui, après 21 années de diplomatie protocolaire passa de vie à trépas en 326 H. - Ali ibn Mouhammad Samourî, avec son décès en 329, marque la fin des représentations et de la petite occultation. L’ensemble des ambassadeurs choisis par les imams était présenté au peuple à travers une lettre d’accréditation signée des imams. Sheikh Toûsî dans son livre Al Ghayba rapporte dans un hadith : «40 shiites se présentèrent en compagnie d’Ousmane ibn Saïd chez imam Askarî (a.s). Ce dernier, solennellement leur présenta son fils : « Cet enfant sera votre imam après moi. Obéissez-lui et sachez que dès ce jour vous ne le verrez plus, jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la maturité. Croyez en ce que vous dira Ousmane pendant son occultation. Suivez ses ordres car il est son représentant auprès de vous et toutes les charges lui reviennent. » Sheikh Toûsî rapporte : Par ordre d’imam Askarî(a.s), Ousmane ibn Saïd vint enregistrer des biens qu’avait apportés un groupe de shiites yéménites pour l’imam. Le groupe témoigna ainsi l’attitude d’Ousmane auprès d’imam, «Par Allah ! Ousmane fait partie de tes shiites les plus dévoués. Son rôle auprès de toi pour nous est évident.» ; imam répond, «En effet, Ousmane est mon représentant, et son fils Mouhammad sera le délégué de mon fils auprès de vous après moi» Ce hadith remonte encore à l’époque préoccultation. L’ambassadeur suivant choisi par l’imam était immédiatement présenté aux shiites comme remplaçant avant le départ du précédent. Ces intermédiaires entre l’imam et le peuple étaient des hommes de qualité et descendance noble jouissant, d’une compétence découlant de leur dévotion pour la cause de Dieu, du Prophète (ç) et des Ahl-ul-bayt (a.s). Digne de confiance aussi bien en actes qu’en parole, ces ambassadeurs, véritables trésoriers, avaient le sens de l’intégrité, de l’humilité, de la discrétion, de l’obéissance et de la patience. Dans les circonstances particulièrement agitées qui ont marqué l’entrée en fonction d’imam Mahdi, ils sont toujours demeurés soumis et fidèles à leur engagement. Les membres de la famille du prophète (ç) ont toujours eu confiance en eux, car certains dès l’âge de 11 ans étaient sous l’ombre de l’éducation des imams qui les ont permis d’atteindre le degré de perfection escompté, en consolidant en eux la foi, la science et la pratique. Ils tiennent une bonne réputation dans l’histoire grâce à leur capacité exceptionnelle à supporter les difficultés et leur loyauté à leur maître à qui ils obéissaient quelles que furent les conditions. Et pour terminer, ils avaient une compétence en gestion qui leur permettait d’accomplir aisément leurs tâches. De par leur force d’appréhension, de lucidité et de renseignement, ils ont pu guider triomphalement les shiites de cette époque sensible de la petite occultation sur le droit chemin. Une étude précise de l’époque de la petite occultation laisse apparaître le rôle que les «quatre ambassadeurs» ont joué dans cette étape importante de la vie d’imam Mahdi. Cette relation pendant la petite occultation justifie l’effectivité de la naissance d’imam Mahdi et le spectre du doute qui maintenait l’ennemis dans l’idée qu’il ne serait pas né un fils d’imam Askarî(a.s) qui était sous surveillance permanente. L’action intermédiaire des ambassadeurs a préparé le terrain pour la grande occultation au cours de laquelle avoir une quelconque relation avec le 12ème imam relève d’un certain nombre de conditions pouvant réunir une tierce personne, dans une ambiance de certitude incontestée de la présence bénie du Guide du temps.
LA GRANDE OCULTATION Le quatrième ambassadeur, dans les derniers moments de sa vie reçut une lettre d’imam Mahdi (a.s) : «Au nom de Dieu, le Tout miséricordieux, le très miséricordieux. Ali ibn Mouhammad Samourî, dans la douleur du regret de ton décès inéluctable dans les six jours qui suivent, je pris Allah de t’accorder le mérite des services que tu as rendus à l’islam. A cet effet tu as encore du temps pour finir tes dernières volontés. Surtout, ne laisse pas de testament concernant ton héritier car la période de l’occultation complète (grande) est arrivée. Dès maintenant, je ne serai plus présent pour vous pendant une longue durée, jusqu’à nouvel ordre de Dieu qui viendra quand la terre sera noyée dans les difficultés, la perversité et l’injustice » Ainsi, Avec le décès du dernier représentant du 12ème imam en 329 H, la grande occultation commença et continue à nos jours, et jusqu’au jours où les nuages de l’occultation seront levés pour que ce soleil de justice brille sur terre pour toujours. Cependant, contrairement à l’époque de la petite occultation, les shiites se référeront de manière générale aux Marâji shiites répondant à certains canevas préalablement fixés dans cette lettre écrite par l’imam et communiquée par le deuxième ambassadeur particulier : «Compte tenu des événements qui vont se produire dans le futur, vous aurez recours aux faqihs pour continuer à remplir vos devoirs et vos obligations religieuses, car ceux-ci sont ma confirmation auprès de vous et je suis la preuve de Dieu sur eux » Cette voie ouverte pour résoudre les problèmes religieux s’articule autour du devoir individuel et social des shiites pendant la grande occultation et donne ainsi naissance à un ordre systématique dans la communauté shiite dont le destin s’avère fixe et déterminé sous l’ombre des guides pieux et spécialistes en religion, chargés de sauver le navire des croyances islamiques pures du vent d’idéologies et de systèmes politiques colonialistes qui dominent menacent l’humanité. Imam Hâdî dans l’importance du rôle des savants érudits de la grande occultation précise : «Les gens auraient apostasié si ces savants n’avaient été là pour la communauté vers leur imam, protéger la religion de Dieu avec des preuves et des arguments évidents et sauver les la pensée des Ahl-ul-bayt (a. s) des plans de Satan et ses partisans. Ils détiennent la boussole du shiisme entre les mains. Ce sont les servants les plus pieux de Dieux » Il est à retenir ici qu’un guide doit remplir certaines conditions pour prétendre à la guidée spirituelle et matérielle d’une communauté donnée. Maintenir les objectifs de l’islam et la capacité précise à discerner le vrai du faux doit demeurer la devise cordonnant leurs activités. Les imams infaillibles (a.s), personnalités jouissant des particularités hors de commun pour assurer ces fonctions et détenteurs de la wilaya des musulmans, (encore appelée «wilayatoul faqih») confirment le rôle des Marâji, comme dans ce hadith d’imam Sâdiq (a.s) : «La communauté a le droit d’obéir à celui qui, des faqihs, s’est toujours réservé face aux grands ou petits péchés, qui passe pour être le model et le gardien de la religion tout en étant capable de contenir et contrôler ses passions dans une base de soumission aux ordres d’imam du temps. Seuls certains faqihs parmi les faqihs shiites ont ces qualités » .